Biographie du parrain des promotions, baptisées le jeudi 9 décembre 2010
Promotions E.O.R./O.S.C.  “ Lieutenant Jean-Yves ALQUIER ”   Cycle 2010 - 2011
Insigne promotion : Lieutenant Jean Yves ALQUIER
Insigne de la promotion
“LTN JEAN-YVES ALQUIER”
homologué sous le numéro G. 5157
Jean-Yves ALQUIER est né le 30 avril 1931 à La Rochelle dans une famille éprise de la France et qui y a donné de nombreux cadres civils et militaires, dont son grand-père, polytechnicien, mort en février 1916, à la tête de sa batterie d’artillerie. Son père, ingénieur des Mines et directeur à la Compagnie Générale Transatlantique est rappelé en 1939 comme capitaine et est fait prisonnier de guerre de juin 40 à juin 1945. Jean-Yves surmontera avec courage cette période terrible.

Son parcours scolaire à partir du niveau secondaire se déroule à Paris.
A l’issue, il suit les cours de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences po) et en sort diplômé en 1952. Mais il n’en reste pas là. Il rejoint Londres pour étudier dans la très prisée London School of Economics (LSE), l’une des toutes premières écoles au monde pour les sciences sociales. Il en sort également diplômé en 1953.
Ayant bénéficié d’un sursis pour achever ses études, il se trouve donc soumis aux obligations militaires.

Le 11 mai 1953, il rejoint le 501e Régiment de chars de combat stationné à Rambouillet en tant qu’appelé. Très vite remarqué par ses chefs pour ses qualités, il est nommé brigadier le 1er septembre de la même année puis désigné pour suivre le cours des élève officier de réserve (EOR). Il est affecté à l’École d’application de l’arme blindée cavalerie à Saumur le 1er novembre 1953.

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Symbolique : - base : insigne de l’École Spéciale Militaire (bleu/rouge)
- la chimère : élément de l’insigne du 8e R.P.C.
- la coupole : élément de l’insigne de la 25e D.P. et de celui du 4e escadron du 1er R.H.P. (couleur azur)
- la hongroise : elle correspond au modèle porté sur le béret du 1er R.H.P.
- l’ensemble licorne/couronne/montagnes : il correspond aux armes du comte de Bercheny et à la partie droite de l’insigne du 1er R.H.P.
- la devise « sans répit » est celle du 4/1er RHP (elle était déjà en vigueur en Algérie en 1956)
- l’insigne de la croix de la valeur militaire avec une citation à l’ordre de l’armée (palme) et une à l’ordre de la division (étoile d’argent)
- l’épée surmontée du grade et du nom du parrain

Ayant obtenu une moyenne de 13,87 sur 20 et un classement de 79e sur 226, il est déclaré titulaire du brevet de chef de peloton. Il est muté au 1er Régiment de hussards parachutistes (R.H.P.) installé à Tarbes à compter du 1er mai 1954 comme aspirant et sera, après l’obtention de son brevet parachutiste, chef de peloton au 2e escadron.

Le 1er novembre 1954, il est libéré de ses obligations militaires et admis dans la Réserve. Il retrouve Paris. Il débute sa carrière professionnelle comme chef du secrétariat particulier de Pierre de Gaulle, président du conseil municipal de Paris.
Mais la situation en Algérie se dégrade et le volume des forces envoyées depuis la métropole ne cesse de croître.

Le 2 mai 1956, il est rappelé à l’activité militaire dans son ancien régiment. Le 4 mai, il est affecté au 8e Régiment de parachutistes coloniaux qu’il rejoint directement sur le sol algérien en juin. Il est le chef du peloton de reconnaissance régimentaire. Il est nommé sous-lieutenant de réserve le 1er septembre.

Le 1er octobre, il retrouve le 1er R.H.P. également présent en Algérie et est admis à servir en situation d’activité pendant six mois à compter du 1er février 1957. Il est dans un premier temps désigné officier de renseignement à l’état major régimentaire et obtient des résultats remarqués.

Il est cité une première fois, à l’ordre de la brigade en janvier 1957. Mais cette citation est annulée car une nouvelle action peu après est récompensée par une seconde citation, à l’ordre de l’armée cette fois. Le texte initial est repris in extenso avec un rajout :

« Jeune officier ardent et courageux. Dans la nuit du 29 décembre 1956, après une marche de cinq heures en terrain difficile, a déjoué par une manœuvre habile de son commando, la surveillance des guetteurs de la mechta SIDA dans le TAMESGUIDA, capturant ainsi deux rebelles et récupérant deux fusils. En qualité d’officier renseignement du sous quartier de TEXENNA, a obtenu de brillants résultats. En particulier le 1er février 1957, alors qu’il participait avec un commando léger dans le TABELLOUT à une action de nuit en région très difficile. A découvert en fin de mission un renseignement important. N’hésitant pas à l’exploiter sur le champ, est parvenu après une marche épuisante à fixer un groupe de huit rebelles qu’il anéantit totalement récupérant sept armes et abattant personnellement au pistolet trois hors la loi ».
Cette citation lui vaut l’attribution de la croix de la valeur militaire avec palme.

Dans un second temps, il est nommé chef d’une Section administrative spécialisée (S.A.S.) et se fait remarquer par un travail des cœurs en profondeur. Sa région est pacifiée au prix d’un engagement total.

Il est cité une troisième fois en décembre 1957, à l’ordre de la division :

« Jeune officier détaché par le 1er R.H.P. à la S.A.S. de TEXENNA pour y remplir, à compter du 7 octobre 1956, les fonctions d’adjoint, puis à compter du 1er avril, celles de chef de S.A.S. A marqué fortement de son empreinte les populations dont il avait la charge et est parvenu à reprendre et à maintenir avec elles, dans des conditions délicates, des contacts qui semblaient définitivement perdus. Grâce à une parfaite connaissance du pays et des habitants, que d’incessantes sorties dans le bled lui avaient permis d’acquérir, grâce aussi à son doigté, à son sens politique et à son rayonnement, a été l’un des meilleurs artisans de la pacification dans l’arrondissement de DJIDJELLI. Le 8 mai 1957, à la tête d’un détachement de moghaznis et de tirailleurs africains, s’est lancé à la poursuite d’un groupe rebelle dont on lui avait signalé la présence ; l’a accroché ; a fait un prisonnier et a récupéré une arme de guerre ».

Cette citation lui vaut l’attribution de la croix de la valeur militaire avec étoile d’argent.

L’ensemble des actions de pacification, d’aide aux populations locales, d’éducation des enfants le marque très profondément et en fait un véritable héros pour les populations terrorisées par les cruelles attaques rebelles.
Arrivant au terme de son contrat, il est une seconde fois libéré des obligations militaires le 1er août 1957 et publie très rapidement, tant il est surpris par le décalage existant entre la réalité du terrain et les appréciations superficielles en métropole, « Nous avons pacifié Tazalt ».

Il retrouve donc Paris et ses différentes compétences lui permettent d’exercer la fonction de chargé de mission à la Présidence du conseil (Matignon), plus précisément au sein du secrétariat général aux affaires algériennes, durant l’année 1958. Mais des doutes s’installent en son for intérieur quant à la voie choisie par les autorités politiques, en particulier sur l’abandon des harkis. Il quitte Matignon au bout de quelques mois.

Cette même année, il est également nommé lieutenant de réserve et le restera jusqu’à sa radiation des cadres en 1968.

Très attaché à cet engagement en Algérie, il est le fondateur de l’Union Nationale des Combattants d’Algérie. Il est également particulièrement attaché à la cause des harkis envers lesquels il avait pris tant d’engagements en Algérie et qu’il soutient, notamment en faisant créer la « Journée des Harkis du 19 mars ».

De 1959 à 1961, il est membre du conseil économique et social, puis attaché à la présidence de la compagnie Saint-Gobain (1965-72). A partir de 1972, il s’occupera du conseil de direction de plusieurs entreprises, dont Eurosearch qui fait du recrutement de cadres dirigeants dont il est partenaire. Passionné de relations humaines, il effectue des missions de conseil dans ce domaine pour plusieurs pays d’Europe de l’Est et du gouvernement chinois.

Éprouvant le plus grand intérêt pour les questions militaires, stratégiques et politiques, il est désigné auditeur de l’IHEDN en 1980 avant d’exercer la fonction d’administrateur délégué du centre européen de relations internationales et de stratégie en 1985. Il coordonne par ailleurs les contributions de plusieurs personnalités pour la rédaction du « Livre Blanc de l’Armée Française en Algérie » dans lequel il défend la thèse que l’abandon des populations qui ont fait confiance à la France est une obsession légitime et morale et finalement politique pour les cadres des armées d’alors. Ce témoignage, comme celui qui concerne les actions de pacification, de développement, de soutien à l’éducation, ressort tout autant que les opérations proprement militaires qui restent en mémoire en évoquant les actions en Algérie.
Cette leçon vaut évidemment pour bien d’autres théâtres depuis, qu’il s’agisse du Tchad, de Côte d’Ivoire, de Bosnie, du Kosovo et bien sur d’Afghanistan.

LTN Jean-Yves ALQUIER
Il décède en 2007.

 

DÉCORATIONS

- Chevalier de la Légion d’honneur (2002).
- Croix de la valeur militaire avec palme et étoile d’argent (1957).
- Croix du combattant volontaire AFN (2001).
- Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre AFN.

PUBLICATIONS

- Nous avons pacifié Tazalt – Robert Laffont – 1957.
- Ceux d’Algérie. Lettres de rappelés – Plon – 1957.
- L’Algérie du cessez-le-feu. Les problèmes posés par l’indépendance étudiés en 1961 – 1961.
- Plusieurs contributions dont l’une, remarquée, dans le Livre blanc de l’armée française en Algérie – Contretemps – 2002.

Rédaction : 4e Bataillon de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr