Biographie du parrain des promotions, baptisées le jeudi 12 décembre 2013
Promotions E.S.M.4  “ Chef de Bataillon Charles DELVERT ”   Cycle 2013 - 2014
Insigne promotion : CBA CHARLES DELVERT
Charles Delvert est né à Paris le 27 avril 1879. Fils de cordonnier, il grandit dans le contexte de « l’école de la revanche » au sein d’un foyer où s’exprime pleinement le sentiment patriotique. Enfant de la IIIe République, il s’élève par son mérite, soutenu par de nombreux prix et bourses qui lui permettent d’entrer au lycée Charlemagne. Brillant élève, il intègre l’École normale supérieure en 1899. La même année il devance l’appel sous les drapeaux : c’est le début d’une vie et d’une carrière marquées par les armes et la plume.
Nommé officier de réserve, il est affecté, à la veille de la Première Guerre mondiale, au 101e régiment d’infanterie. Il commande une section au front pendant la bataille des frontières en 1914. Il prend ensuite le commandement de la 8e compagnie du régiment. Officier « de complément », comme il l’a écrit plus tard, il commande encore dans les tranchées de Champagne en 1915 avant de défendre le fort de Vaux pendant la bataille de Verdun en 1916. Blessé à quatre reprises entre 1914 et 1916, inapte au service armé au front, le capitaine Charles Delvert est alors affecté en tant qu’officier d’état-major à la Ve Armée puis au corps expéditionnaire d’Italie. Il est fait chevalier de la légion d’honneur en 1916 pour sa conduite lors de la défense du fort de Vaux et reçoit la croix de guerre avec plusieurs citations, dont l’une à l’ordre de l’Armée. Il est élevé au rang d’officier de la Légion d’honneur en 1927.
Tout au long de la Guerre, Charles Delvert rédige des carnets dans lesquels il relate, avec le détachement et l’analyse propre à l’historien sa vie d’officier au front. Ses « Carnet d’un fantassin », qui seront publiés après-guerre, retracent, dans un style épuré, chaque période de sa vie au combat, comme en convalescence. Officier proche de ses hommes, Charles Delvert fait part de l’attention et de la fierté qu’il éprouve envers chacun de ses soldats. Dédicacés à ses hommes, ces carnets ne dévoilent jamais l’intime. Ils condensent cependant avec force toutes les émotions de l’homme au combat, l’expression de son respect pour l’ennemi et de son rapport à l’arrière.
Insigne de la promotion “ CBA CHARLES DELVERT ” - Héraldique : Écu français ancien allongé de gueules à la pile renversée de turquin chargé d’une plume de candide et à senestre du ruban de la croix de guerre 1914-1918, broché en pointe d’une palme d’or (bronze) et d’une étoile d’argent. Timbré en chef senestre d’une étoile de Légion d’honneur.
En coeur brochant, épée d’argent gardée d’or à la lame chargée du grade et du nom en lettres capitales de sable « CBA CHARLES DELVERT » accompagnée à dextre d’une demi-grenade quadrillée d’or et à senestre mouvant de la lame d’une silhouette de poilu chargeant d’or aussi (bronze).       Insigne homologué sous le N° G 5432.
Charles Delvert rédige également d’autres ouvrages sur son expérience de la guerre dont « Quelques héros » et « Verdun ». Ces ouvrages témoignent de la force d’âme et de l’engagement de l’auteur.
Le 28 juin 1920, il épouse Andrée Leduc, infirmière pendant la guerre. Ses activités se multiplient, sans pour autant renier les précédentes. Professeur d’Histoire au lycée Janson de Sailly puis à Henri IV, il entame une carrière de journaliste-éditorialiste et écrit pour de nombreux titres parmi lesquels l’Illustration et la Revue des Deux Mondes. Il publie de nombreux articles portant sur l’Histoire et sur les questions éducatives et politiques. Auteur prolifique, Charles Delvert rédige également, en homme de lettre accompli, des pièces de théâtre et des romans, ainsi que deux ouvrages « Le port d’Alger » et « La vivante Pologne », à la suite des voyages qu’il entreprend en Europe. Sa curiosité intellectuelle le conduit, en 1931, à faire le tour du monde. Son voyage le mène de Marseille à l’Egypte, des côtes des Somalis à Mombasa puis à Zanzibar. Il poursuit par les Comores avant d’atteindre Madagascar, Aden puis Colombo. Il embarque ensuite pour Singapour, l’Indochine puis Shanghai et le Japon. Il rentre en France après une traversée de l’océan Pacifique et un arrêt à Vancouver et New York.
CBA Charles DELVERT
L’engagement de Charles Delvert au service de la Patrie et les valeurs qu’il incarne prennent un reflet particulier lorsqu’il réagit à la pétition des « 83 », ces élèves de la rue d’Ulm qui contestent l’obligation qui leur est faite d’intégrer une préparation militaire. Sa réaction, publiée dans L’écho de Paris, témoigne des convictions d’un homme qui a constamment essayé de faire coïncider ses actes avec ses convictions. C’est ce sens même du devoir et l’exemple paternel qui animeront l’engagement de trois de ses quatre fils dans la Résistance lors de la Seconde guerre mondiale. Charles Delvert s’éteint le 10 juillet 1940 des suites lointaines de ses blessures de guerre. Avec lui, disparaît un modèle d’officier humaniste tout à la fois ouvert d’esprit et fier de son engagement.
Texte intégral de la biographie du CBA Charles DELVERT, lue lors de la cérémonie du jeudi 12 décembre 2013
Rédaction : 4e bataillon de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr